dimanche 17 juillet 2016

Le sacrement de la divine miséricorde,article paru dans la revue catholique russe Radouga

Le sacrement de la divine miséricorde

Redécouverte contemporaine de la miséricorde

De grandes saintes comme Thérèse de Lisieux ou Faustine Kowalska, des papes comme saint Jean-Paul II ou François ont remis à l'honneur le thème de l'amour miséricordieux de Dieu. Déjà dans l'acte de la création, cette miséricorde est à l’œuvre. Mais c'est surtout dans l’œuvre de la rédemption, après le péché de l'homme, que cette miséricorde a éclaté.
Dieu nous offre son pardon. Le Christ nous réconcilie avec le Père, nous ouvre le paradis, nous ramène à la maison. Non seulement le péché est remis mais nous sommes recréés, une vie toute nouvelle, une vie divine nous est donnée.

En quel Dieu croyons-nous ?

La miséricorde est l'attribut divin le plus mystérieux. Il est aussi
celui qui domine en Dieu, en colorant si je puis dire les autres attributs, comme la justice et la sainteté. La justice en Dieu est miséricordieuse, tout comme l'est sa sainteté.
Essayons de comprendre par exemple ce rapport entre miséricorde et justice en Dieu et pour cela partons d'un exemple humain, celui de l'amour des parents pour leur enfant. Prenons l'exemple suivant : un père et une mère ont un fils. Ils ont pour lui un grand amour et l'enveloppe de tendresse. C'est leur enfant bien-aimé. Ils le couvrent de caresses et de baisers. Mais cet enfant se drogue. Deux attitudes peuvent alors exister chez les parents. Dans la première, ils disent à leur fils : « Nous t'aimons mais cela nous laisse indifférents que tu te détruises, c'est pourquoi continue à te droguer si cela te plaît ». Cette attitude ne serait pas un amour authentique. Un vrai amour serait plutôt celui qui fait dire aux parents : « Parce que nous t'aimons, nous te disons que c'est mal de te détruire par la drogue. Parce que nous t'aimons nous voulons tout faire pour te sauver de ton péché ».
Parce que sa miséricorde est authentique et brûlante d'amour pour l'homme, Dieu n'est pas indifférent devant notre péché. La miséricorde en Dieu n'abolit pas la justice. Dieu est à la fois bon et juste. Dieu aime le pécheur, mais en même temps condamne sévèrement le péché. Ou pour dire les choses autrement, c'est parce qu'il est amour que Dieu est aussi justice et sainteté. Dans sa justice, Dieu nous dit ce qui est mal, ce qui est destructeur pour nous.
C'est donc une très grave erreur de nos jours de relativiser les commandements de Dieu sous prétexte de miséricorde. Cette erreur pousse certains à exiger de l’Église qu'elle modifie sa doctrine en matière morale, par exemple sur le divorce, l'avortement, la contraception ou l'homosexualité. Cette erreur provient d'une mauvaise articulation entre miséricorde et justice. Elle entraîne une fausse conception de la divine miséricorde. Un philosophe protestant, Paul Ricoeur, aimait dire qu'un Dieu gâteux était aussi idolâtrique qu'un Dieu croquemitaine. Croire en l'amour divin ne signifie pas que l'on voit en Dieu un vieux grand-père qui laisse tout faire.

Justice et miséricorde dans le sacrement de réconciliation

Une bonne articulation entre ces deux attributs divins se vérifie au contraire dans une juste conception du sacrement de pénitence ou réconciliation, où il s'agit de rencontrer l'amour miséricordieux, mais de le faire dans la vérité de la justice de Dieu.
Dans ce sacrement on rend d'abord honneur à la justice divine par l'examen de conscience et l'humble aveu de nos fautes. Il ne faut pas minimiser son péché mais le prendre au sérieux. Dans la lumière du Saint-Esprit, notre péché est mis en contraste avec la sainteté de Dieu. Il s'agit de reconnaître ce que nous avons fait de mal aux yeux de Dieu, ce en quoi nous lui avons désobéi, ce en quoi nous nous sommes écartés de sa sainte volonté, ce par quoi nous avons blessé sa bonté infinie, ou pour le dire de manière plus moderne, ce en quoi nous avons détruit notre vie. Il faut aussi reconnaître notre responsabilité. Certes parfois nous avons des circonstances atténuantes, nous sommes excusables, et la justice de Dieu en tient compte. Néanmoins il est toujours plus sain et plus libérateur de s'accuser soi-même, plutôt que les autres ou les circonstances, et d'endosser sa culpabilité pour en être ensuite plus totalement libéré par l'action de la grâce dans le sacrement.
A la démarche de l'homme qui avoue sa faute et demande pitié pour son péché, succède la réponse de Dieu. Cette réponse sera d'autant mieux ressentie qu'on aura mis beaucoup d'humilité et de confiance dans notre démarche d'aveu. Et c'est là que la miséricorde va dépasser et transcender la justice, sans la renier. Dès que l'homme fait un petit pas vers Dieu, dans le sacrement de la réconciliation, Dieu accourt vers lui et se jette à son cou, comme le père de la parabole de l'enfant prodigue. Dieu nous affirme qu'il ne nous condamne pas, comme nous l'avons mérité. Il prend notre péché et le jette au fond de la mer. Il n'existe plus pour lui. Il nous donne une vie toute nouvelle, nous libère totalement de notre culpabilité. Il n'y a plus qu'une chose qui compte : nous sommes son enfant bien-aimé et un chemin de sainteté s'ouvre pour nous avec lui.

Conclusion

On peut ici rappeler ce que le catéchisme nous enseigne sur les conditions d'une bonne confession : un aveu sincère, la contrition de nos fautes et le bon propos de nous corriger. Ainsi la divine miséricorde peut envahir notre cœur et notre vie. Et nous connaissons alors la joie du salut, un tel bonheur que nous pouvons chanter avec l’Église ce qu'elle proclame la nuit de Pâques : heureuse la faute qui nous a valu un tel rédempteur.

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