samedi 13 août 2016

L'assomption homélie

Notre-Dame du signe, icône du XIVe siècle
Un grand signe apparut dans le ciel: une femme. C'est ainsi que commence, frères et sœurs, le chapitre 12 de l'apocalypse, et qui nous rapporte la plus célèbre des visions de l'apôtre Jean, celle du combat entre la femme et le dragon.
L'apocalypse est un livre prophétique qui annonce les épreuves de l’Église et la victoire finale que le Christ remportera sur les forces du mal. La femme représente la mère du Messie. Dans un sens littéral, c'est l’Église, qui est désignée par cette femme, en particulier l’Église des derniers temps avant le retour en gloire de Jésus, cette Église qui travaillera plus que jamais à faire naître Jésus-Christ dans les âmes. Il s'agit de notre Mère, la Sainte Église, la mère mystique, qui ne cesse de donner la vie de Jésus à nos âmes, en nous enseignant la parole de Dieu et en nous offrant les sacrements. Dans un sens dérivé, cette femme représente la Vierge Marie, car Marie est l'image la plus parfaite de l’Église. Ce sens de « la femme qui apparaît dans le ciel » nous renvoie tout naturellement au mystère de la fête de ce jour.

Regardez la fresque qui se trouve dans le sanctuaire, au-dessus de l'autel, face à nous. Marie, dans le ciel, est la mère qui ne cesse d'intercéder pour ses enfants, jusqu'au retour de Jésus. Quand nous sommes à la liturgie, une assemblée tournée vers l'orient, vers l'autel du Christ, nous avons comme dans un miroir l'image la plus parfaite de notre prière et de notre célébration liturgique, la mère de Dieu, qui porte notre prière. C'est le mystère de l’Église qui prie que nous contemplons en elle. Oui un grand signe apparaît pour nous dans le ciel : une femme.
Ainsi donc dans ce chapitre 12 de l'apocalypse, nous pouvons contempler le mystère de l’Église et celui de Marie, qui n'en font qu'un.
Cette femme grandiose qui est au centre de la vision johannique est dans les douleurs de l'enfantement, tant que dure l'histoire humaine. On peut penser ici à ce que saint Paul dit dans son épître aux Romains : Toute la création gémit et souffre comme pour un enfantement. La fin des douleurs sera la venue d'un monde tout nouveau, où Dieu sera tout en tous et où la création participera à la gloire de Dieu. C'est là une chose à retenir. La femme de l'apocalypse, en nous engendrant à la vie, nous prépare au retour du Christ à la consommation des siècles. Voilà la signification profonde des nombreuses manifestations mariales qui parsèment l'histoire de l’Église. Jésus est venu par Marie. C'est aussi par Marie qu'il reviendra.
Mais face à la femme se dresse un autre symbole, redoutable et sinistre : le dragon, que l'apocalypse appelle aussi le vieux serpent, le séducteur universel. Nous nous retrouvons au début de la Bible, le moment de la rencontre entre Eve et le serpent. Mais ici tout se passe autrement. Dans la Genèse, le serpent a eu momentanément la victoire. Dans l'apocalypse, la victoire sera celle de la Femme, et elle sera définitive et éternelle.
La suite du récit de ce chapitre 12 nous parle de la haine meurtrière que le dragon a pour la Femme et ses enfants, ceux qui gardent le témoignage de Jésus. Être enfant de l’Église, garder le témoignage de Jésus-Christ, cela veut dire d'abord le martyre, préférer perdre la vie plutôt que de renier notre maître. Cela veut dire aussi, d'une manière plus générale, suivre les enseignements du Christ et garder ses commandements. Il ne faut pas s'étonner alors d'être en butte aux persécutions, aux vexations, aux tentations, bref à la haine de l'ennemi de Dieu et du genre humain.
Oui le combat entre la femme et le dragon, dont nous parle l'apocalypse, nous le vivons tous les jours et il semble même que cette lutte s'intensifiera à la fin des temps. Lorsque nous regardons tout ce qui se passe dans le monde et dans l’Église de nos jours, on ne peut que constater que ce chapitre 12 de l'apocalypse est d'une brûlante actualité.
Dans le contexte de ce combat eschatologique, il faut citer le verset 14 du chapitre dont nous parlons : A la femme furent données les deux ailes du grand aigle, afin qu'elle s'envolât au désert, dans un lieu, où elle est nourrie pendant un temps, des temps, et la moitié d'un temps, loin de la présence du serpent. Cette alimentation mystérieuse de la femme se rapporte à tous les moyens par lesquels le Christ soutient et défend son Église, spécialement par le don de la parole et de l'eucharistie. La période de trois ans et demi que dure ce séjour au désert est une allusion au prophète Daniel. C'est la durée du règne de l'antéchrist. On peut donc dire que ce séjour de l’Église au désert va durer jusqu'au retour du Christ. Le désert est le lieu de la prière, de l'oraison et les ailes de l'aigle me semblent être le symbole de la vie mystique. C'est dans l'oraison en effet que nous sommes avec la femme, c'est-à-dire avec Marie, que nos frères d'orient appelle la Mère de la prière incessante, et que nous sommes loin du serpent, délivrés du péché et du pouvoir de Satan. J'aimerais ici à ce sujet vous citer une parole de Marthe Robin, qui est très forte et éclairante : Je connais des âmes qui communient tous les jours et qui pourtant demeurent dans le péché. Je n'en connais pas qui fassent oraison et qui demeurent dans le péché.
Concluons, frères et sœurs. La meilleure chose que nous ayons à faire, dans les temps difficiles que nous traversons, et dans lesquels se réalise le combat implacable entre la femme et le dragon, c'est d'être au désert, et de nous nourrir de la parole de Dieu, de l'eucharistie et de ce cœur à cœur intime avec le Seigneur, qu'est l'oraison. Nous jouirons ainsi, loin du dragon, de la paix profonde du cœur et de l'unité intérieure, qui nous sera un avant-goût de cette gloire éternelle que Jésus nous apportera par sa victoire définitive sur toutes les forces de désunion, de destruction et de mort, qui ont ravagé l'histoire de l'humanité.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire