mercredi 2 novembre 2016

Fidélité aux papes et à la chaire de Pierre

Il m'arrive parfois de recevoir les confidences de certains dans lesquelles ils me disent leur souffrance et leur désarroi devant ce qui se passe dans l'Eglise et aussi leur perplexité face au pape actuel. Ce sont des gens profondément enracinés dans la foi catholique, mais qui risquent inconsciemment d'écouter la voix du diable, qui sait comment tenter les hommes en s'adaptant à leur psychologie. Il existe en effet ce qu'on appelle la tentation sub specie boni, sous l'apparence du bien. Lorsqu'il voit que certaines personnes sont insensibles aux tentations grossières, le diable les tente de manière beaucoup plus fine. Aussi je voudrais ici apporter à ces âmes un peu de paix et de lumière.
Il y a trois choses que le démon hait par-dessus tout: l'eucharistie, la Vierge immaculée, la papauté. L'eucharistie, car il cherche à abolir le sacrifice perpétuel. La Vierge, car il ne supporte pas d'avoir été vaincu par son humilité. La papauté, parce qu'elle le roc de l'Eglise et le principe d'unité dans l'amour de l'humanité nouvelle. Lorsqu'il voit qu'un catholique reste ferme dans son attachement à la messe et à la prière mariale, il va tenter de l'attaquer sur le point de sa fidélité au vicaire du Christ, et il va insinuer dans son esprit des doutes affreux sur le pape. Il me semble qu'il n'est nullement étonnant que de nos jours, où il y a une recrudescence de l'activité satanique, ceux qui sont des catholiques convaincus, fidèles entre les fidèles, soient plus exposés que d'autres à ce genre d'attaque démoniaque. En fin de compte, avoir des doutes sur le pape est le signe que l'on est justement un bon catholique et qu'on s'attire ainsi l'attaque perfide de Satan. C'est paradoxal sans doute mais si nous avions le discernement des esprits, nous verrions ici avec clarté toute la tactique du diable. Oui, à ceux qui sont dans le désarroi et le doute sur la question papale, je les rassure en disant que c'est un bon signe de la profondeur de leur catholicisme. Encore faut-il ensuite déjouer les ruses du démon. Soyez sobres et veillez. Votre ennemi, le diable rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer. Résistez lui forts dans la foi, sachant que les mêmes souffrances arrivent à vos frères qui sont dans le monde (1 Pierre, 5, 8-9).

La crise actuelle pourrait s'aggraver et devenir cruciale dans l'avenir. Seuls tiendront bons dans la tourmente ceux qui resteront fermement attachés à la chaire de Pierre. Et cela malgré tous les doutes qui pourraient naître dans l'esprit. On ne discute pas avec le diable. Il tente en effet toujours d'amener la division au sein de l'Eglise, et pour cela il cherche à tromper les meilleurs des fils de l'Eglise. Il nous faut avoir sur la papauté une vision surnaturelle de foi. Au-delà des apparences mondaines la foi nous fait discerner le mystère. Celui qui occupe le siège de Pierre est un pécheur comme nous et aucun pape, même saint et canonisé par la suite, ne fut un homme parfait. Personne, sauf la Toute Sainte Mère de Dieu, n'échappe aux suites du péché originel. C'est pourquoi, le pape François, à la suite de saint Jean Paul II, vient de nous rappeler que l'Eglise est plus mariale que pétrinienne. Au chapitre XVI de son Évangile, Matthieu nous rapporte qu'après avoir fait à Pierre ses promesses divines: Je te dis que tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle, un peu après Jésus lui dit: Éloigne-toi de moi, Satan, tu n'as pas les pensées de Dieu mais celles des hommes.
La chaire de Pierre est immaculée et de cette chaire découle depuis plus de vingt siècles sur le monde la vérité catholique. Les occupants de cette chaire sont parfois des êtres trop humains et ils ne sont pas toujours à la hauteur de leur tâche. Le livre de Job nous dit: Un humain sera-t-il juste devant Dieu? Quel homme sera pur pour Celui qui l'a fait? Si Dieu ne se fie pas à ses serviteurs, et même dans ses anges trouve l'erreur, que dire de ceux qui vivent en demeures d'argile (Job 4, 17-19).
Dans la papauté, un regard humain et mondain verra beaucoup de taches, justifiant une défiance à son égard. Mais un regard surnaturel verra un roc sur lequel on peut s'appuyer. Dans le premier cas, notre âme sera dans le doute, l'incertitude, le trouble perpétuel et les ténèbres. Dans le second, ce sera la paix, la sérénité, la confiance, la simplicité de la foi et la joie.
Dans le pape d'aujourd'hui, on doit voir le mystère de Pierre sous les apparences humaines. Il peut humainement nous déplaire ou nous irriter, mais dans la foi nous voyons plus loin que les apparences trompeuses. Je vais prendre une analogie dans l'eucharistie. J'ai le droit de préférer les hosties fines et immaculées de mon enfance aux grossières hosties brunes que l'on voit maintenant. Mais par la foi, je sais que dans toute espèce d'hostie se trouve la présence réelle et vivifiante du Christ ressuscité.
Du reste apprécier trop un pape de manière humaine n'est pas non plus sans danger. L'ennemi aime opposer les papes les uns aux autres, pour semer la confusion dans l'Eglise. Le Père Garrigues disait récemment que les fans d'un pape peuvent durcir son enseignement et en fin de compte faire du tort au magistère.
Il en va des papes comme de l'Eglise universelle. Ce qui importe c'est le consensus et la continuité vivante du magistère. Il ne faut pas trop regarder seulement le pape actuel mais écouter aussi ce qu'ont dit tous les papes de l'histoire et les interpréter dans le sens de la continuité du magistère. Alors le trouble et l'obscurité que l'on peut ressentir en regardant un détail se transforme en paix et en lumière quand on regarde l'ensemble. C'est donc à la chaire de pierre qu'il faut nous attacher de manière absolue et sans réserve et non à tel ou tel pape en particulier. Sinon notre attachement à l'Eglise risque d'être purement humain et mondain et non surnaturel et divin.
Voici ce qu'on pouvait lire dans le bulletin d'avril 2015 du Mouvement sacerdotal marial dont les membres font entre autres une promesse de fidélité et d'union au pape. Je les reprends à mon compte:
Tenez bon pour ne pas croire les fausses rumeurs répandues aussi bien dans l’Église, voire dans vos cénacles, que dans le monde, ou dans certains milieux. Ne vous croyez jamais abandonnés. Tenez bon dans l’humble fidélité quotidienne. Tenez bon et ne laissez pas le Malin faire œuvre de division, comme il sait si bien le faire : n’oubliez pas la nécessaire union autour du Saint Père, qui est notre deuxième engagement. Malheureusement, après l’élection de notre grand et saint Père François, Satan a réussi à tromper certains bons prêtres et laïcs, qui suivent des prophéties sataniques sur les futurs Papes, et n’ont pas confiance dans notre Saint Père. J’aimerais leur rappeler ce que nous récitons dans l’Acte de consécration : « sous ta protection maternelle, nous voulons être les apôtres de l’unité de prière et d’amour envers le Pape, unité aujourd'hui si nécessaire, et nous implorons de Toi, Marie, une protection spéciale sur le Saint Père. » Peut-être ces personnes ont-elles oublié la promesse de Jésus : « les portes de l’Enfer ne prévaudront pas ».
Renoncez à vos idées personnelles et suivez les papes, rejetez les pensées contraires et qui s'insinuent en vous, elles viennent de l'ennemi des âmes. Comme le dit saint François de Sales, le diable est triste et mélancolique et il voudrait que tous fussent comme lui. Priez pour le pape, aimez-le, voyez-le avec un regard surnaturel et vraiment catholique et vous serez en peu de temps étonnés de voir à quel point votre vie spirituelle se transformera.
Je conclus en vous souhaitant la joie catholique. Cette joie vous la puiserez toujours dans l'eucharistie et auprès de notre bonne Mère du Ciel, mais aussi dans une humble fidélité, libérée de toutes les tromperies de Satan,  à celui que Catherine de Sienne appelait le Doux Christ de la terre




7 commentaires:

  1. "Il y a trois choses que le démon hait par-dessus tout: l'eucharistie...". L'"église" luthérienne aussi...

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  2. Pierre René Mélon3 novembre 2016 à 14:42

    Il existe une ruse supérieure : défendre le pape, même s'il se trompe, et ceci au nom de l'unité. On sacrifie alors la vérité au nom de l'unité.
    Le cas s'est déroulé pendant la vie du premier pape. Paul accuse avec raison Pierre (le premier pape !) de dissimulation, voire d'hypocrisie. Que fait Paul ? SE tait-il par respect pour la papauté ? Non, il parle, par respect pour la vérité.

    "Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il s'était donné tort... (Gal 2, 11). Et Paul dénonce la dissimulation de Pierre, son double langage, son attitude ambiguë. Pierre y a gagné en honnêteté, Paul en héroïsme, l'Eglise en vérité.
    (Remarquons que Paul n'appelle pas ici le pape "Pierre", selon le nouveau nom que Jésus lui avait donné pour désigner sa fonction, mais "Céphas", son ancien nom, son nom d'homme ancien.)
    Quand Georges-Marie se trompe, il faut lui dire "en face", pour sauver François, pour redresser Pierre. C'est aussi une oeuvre de miséricorde...

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  3. Quand bien même, on énumérerait tous les actes, les écrits et les paroles de François depuis mars 2013 que les défenseurs jusqu'au boutistes de la papauté tiendraient fermes.

    Qu'importent alors pour eux le véritable évangile et l'enseignement immuable de l'Eglise.

    Que faire alors ?
    Secouer la poussière de ses pieds et poursuivre la route !

    Alors qu’il était encore archevêque de Cracovie,
    le cardinal Karol Wojtyla — qui allait devenir deux
    ans plus tard le Pape Jean-Paul II, avait déclaré ce
    qui suit au sanctuaire polonais d’Orchard Lake, au
    Michigan, quelques semaines avant le Congrès
    eucharistique international de Philadelphie, en août
    1976:
    «Nous sommes aujourd'hui
    face à la plus historique
    confrontation que
    l'humanité a traversé. Je
    ne pense pas que de larges
    cercles de la société
    américaine ou de la communauté
    chrétienne le réalisent
    pleinement. Nous
    sommes maintenant face à
    la confrontation finale entre
    l'Église et l'anti-Église,
    l'Évangile et l'anti-Évangile,
    le Christ et l’anti-Christ.
    Cette confrontation se
    trouve dans les plans de la
    Divine Providence. Il s'agit
    d'une épreuve que toute
    l'Eglise, et l’Église polonaise
    en particulier, doit relever.»
    (Reproduit dans un éditorial
    du 9 novembre 1978 du Wall
    Street Journal.)

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    1. Il me semble dogmatiquement impossible que l'anti-Eglise ait à sa tête le pape de Rome: cf les promesses du Christ à Pierre. A moins qu'il ne s'agisse d'un imposteur ou d'un antipape, comme le fameux Apollonius du récit sur l'antéchrist de Soloviev.

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    2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Père André-Noël,

    En février 1996, Jean-Paul II, qui n’ignorait rien de ce qui se passait à Saint-Gall, semble prendre les devants. Il publie la Constitution apostolique “Universi Dominici Gregis” qui traite, entre autres points, de l’élection du souverain pontife. Au chapitre VI, ont lit :

    http://benoit-et-moi.fr/2016/actualite/quen-est-il-de-la-mafia-de-saint-gall.html

    La déduction paraît évidente au vu de ce qui se passe.
    Les historiens se chargeront d'écrire la vérité, s'il y en a encore des honnêtes.
    Pour l'heure, rien n'empêche de les devancer en esprit et en vérité et de continuer à vivre et à témoigner de notre foi au milieu d'un mépris grandissant pour la "chose" catholique.

    La bataille a commencé et nous la livrons, non pas contre des personnes, mais contre leurs nombreux mensonges et/ou erreurs.

    Courage petit troupeau fidèle, le Seigneur demeure en toi !

    Fraternellement,

    MD

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    1. Il y a aussi la bulle Cum ex apostolatus officio du pape Paul IV (15 février 1559). C'est donc la validité d'une élection qui est en jeu ici. Paul IV explicite et codifie l'ancienne loi catholique, qui veut que seul un catholique puisse être élu pape. Elle formalise cette restriction, et l'étend à tous les anciens catholiques ayant publiquement et manifestement fait preuve d'hérésie.

      Cette bulle fut édictée par le pape Paul IV en raison des soupçons de protestantisme qu'il nourrissait à l'égard du Cardinal Morone, qui était populaire et pressenti pour être son successeur. Paul IV pensait nécessaire de prévenir, voire d'invalider la possible élection de Morone à la tête de l'Église catholique. Il voulait inscrire dans les textes de l'Eglise qu'aucun hérétique avéré ne pouvait légalement occuper le trône de Pierre.
      Mais Benoît XVI lors de sa démission (que je regrette d'ailleurs car selon moi il y avait d'autres solutions et il est vrai que la présence de deux papes au Vatican est cause de trouble), a fait allégeance totale à celui qui serait son successeur.
      Il faut aussi étudier ce que les théologiens catholiques ont dit sur ce qui définit un hérétique notoire et avéré. Il faut aussi se souvenir de ce qu'ils enseignent sur la certitude d'avoir un vrai pape, lorsqu'il est reconnu comme tel par l'ensemble de l'Eglise.

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